Avis négatif de la Taskforce sur la vaccination obligatoire du personnel soignant : le gouvernement doit retirer le projet de loi
La Taskforce vaccination s'oppose à la vaccination obligatoire que le gouvernement fédéral entend imposer au personnel soignant. C'est ce qu'elle vient d'indiquer dans un avis rendu aujourdʼhui, veille du vote sur le projet de loi de la Vivaldi en commission Santé. « Le gouvernement veut imposer cette obligation à tout prix, c'est incompréhensible », réagit Sofie Merckx, cheffe de groupe PTB au Parlement et elle-même médecin généraliste. Le PTB veut que le gouvernement belge retire son projet de loi, à l’instar du gouvernement britannique.
Pour se prononcer, la Taskforce s'est appuyée sur les avis de Sciensano, du Conseil supérieur de la santé, du isk Assessment Group (RAG) et du Comité de bioéthique. Ceux-ci ont abouti à la conclusion qu'« il n'y a aucune raison de rendre la vaccination obligatoire pour les prestataires de soins de santé, ce ne serait pas conforme au principe de proportionnalité. L’opposition explicite de la Taskforce à la vaccination obligatoire est un élément important. Pourtant, malgré tous ces avis négatifs, le gouvernement entend bien faire passer cette obligation. Le ministre ferait mieux de regarder ce qu'il se passe au Royaume-Uni », déclare Sofie Merckx. « En novembre de l'année dernière, alors que le variant Delta était dominant, 20 000 soignants ont été licenciés au Royaume-Uni à la suite de la décision d’imposer la vaccination au personnel des maisons de repos. Le 1er avril de cette année, la vaccination obligatoire aurait dû s'appliquer aux services publics, mais le gouvernement britannique a fait machine arrière. Un sondage réalisé auprès de plus de 90 000 citoyens a indiqué que pas moins de 90 % d'entre eux souhaitaient voir cette obligation suspendue. Le ministre britannique de la Santé a reconnu que les licenciements seraient un désastre pour un secteur déjà en proie à une grave pénurie de personnel, et que le variant Omicron avait changé la donne. »
La cheffe de groupe relève également un couac dans le projet de loi : « Le ministre a beau prétendre qu'il ne peut introduire une obligation qu'après avoir demandé un avis scientifique, cela ne figure nulle part dans la loi. Si les partis du gouvernement veulent s'acharner à tout prix, nous déposerons un amendement qui oblige effectivement le gouvernement à demander des avis. Et ce n'est qu'après un avis positif de toutes les instances concernées et au moins six mois après sa publication que la mesure pourrait entrer en vigueur ». De plus, le projet de loi actuel ne prévoit aucune période de transition, donc le ministre peut décider d'appliquer la mesure du jour au lendemain. « Cela rend ce projet de loi totalement inapplicable sur le terrain. Comment pouvez-vous planifier des horaires si vous ne savez pas combien de vos collègues seront encore là ? », s'interroge Sofie Merckx.
Le PTB demande donc au gouvernement de retirer son projet de loi et de s'employer plutôt à revaloriser les métiers des soins. « Compte tenu des pénuries actuelles et de l'ampleur de la charge de travail, licencier du personnel soignant représente un danger en matière de santé publique. Au lieu d'obliger ce personnel soignant à se faire vacciner, le gouvernement devrait plutôt chercher à convaincre. Les soignants sont avant tout des êtres humains, avec leurs doutes et leurs inquiétudes. Et qu’en est-il des investissements dans les conditions de travail et des normes d'encadrement ? », conclut Sofie Merckx.