Audition sur l'évaluation du Fonds Blouses blanches : le PTB exige un contrôle à part entière sur son utilisation
Aujourd'hui, mercredi 23 mars, une audition aura lieu à la commission Santé de la Chambre avec les syndicats, les directions d'hôpitaux et les associations professionnelles, pour parler du rapport d'évaluation du Fonds Blouses blanches. Ce rapport a été porté à la connaissance du Parlement en juillet 2021.
« Le rapport indique que le Fonds Blouses blanches a permis de créer 4 500 emplois. Nous en sommes, bien sûr, très heureux. Toutefois, nous nous posons des questions sur la communication des chiffres et leur contrôle, réagit Sofie Merckx, cheffe de groupe PTB à la Chambre et médecin généraliste. L'objectif premier du Fonds Blouses blanches est d’augmenter le nombre de bras au chevet des patients. Pour y veiller, la participation des syndicats est nécessaire. »
La cheffe de groupe a demandé au ministre Vandenbroucke (Vooruit) les chiffres exacts de l'octroi des fonds en 2019 et 2020. « Ce que je constate, c'est que pour l'année 2019, on peut vérifier assez précisément quel hôpital a engagé du personnel pour quelles fonctions, explique Sofie Merckx. Par exemple, le grand hôpital de Charleroi a engagé huit infirmières graduées, un technologue en imagerie médicale et un infirmier breveté. Mais pour l'année 2020, il n'y a pas du tout de ventilation par profil d'emploi. Il est très difficile de déterminer exactement quels emplois ont été créés en 2020 grâce à ce fonds. On ne sait pas non plus s'il s'agit de créations nettes d'emplois, de contrats d'étudiants ou d'intérimaires, ou encore de contrats déjà existants à durée déterminée transformés en contrats à durée indéterminée. »
Les syndicats se plaignent depuis un certain temps de l'absence de contrôle sur la création d'emplois. « Selon eux, personne ne sait vraiment comment les hôpitaux dépensent cet argent. En 2019, les fonds ont été alloués de manière que les syndicats aient un contrôle raisonnable sur les recrutements, et qu’ils aient accès à ces informations, notamment par le système du Maribel Social. À partir de 2020, les fonds ont été distribués via le budget des moyens financiers des hôpitaux. Les syndicats n'ont dès lors pratiquement aucun accès aux statistiques sur l'évolution du personnel, déplore Sofie Merckx. Les comparaisons entre les chiffres démontrent en effet que le contrôle est très difficile en réalité. »
Pour le parti de gauche, il est important d’assurer un contrôle total de la manière dont ces fonds sont dépensés. « Le Fonds Blouses blanches avait été approuvé avant la crise du Covid, en octobre 2019. Son but principal est de recruter du personnel infirmier et de soins, rappelle Sofie Merckx. Sur le terrain aujourd'hui, la pression reste énorme. Il est donc très important d'évaluer si les fonds destinés aux soins de santé ont été bien dépensés. Les chiffres montrent qu’en 2019 il y a des informations plus précises sur les profils d’emploi, et plus de contrôle par les syndicats, à travers le système du Maribel Social, contrairement à 2020. Nous devrions envisager de revenir à ce système, en concertation avec les syndicats. Le gouvernement ne fait aujourd’hui qu’un minimum d’efforts pour obtenir des informations transparentes et précises de la part des hôpitaux. Le ministre doit établir un véritable contrôle de l'utilisation des fonds, en y impliquant les syndicats. Pour faire face aux problèmes sur le terrain, il faut revaloriser d’urgence l'ensemble du personnel soignant, notamment en reconnaissant la pénibilité de la profession, en révisant les normes cadres et en élargissant le Fonds », conclut Sofie Merckx.