« Aucune lutte contre la pauvreté, et à droite toute » : le PTB critique vivement l'accord antisocial du nouveau gouvernement flamand
Pour le PTB, l'accord de gouvernement présenté hier par le N-VA Jan Jambon pose les fondations d'une politique antisociale, froide et élitiste. « L'accord de gouvernement colorie tout en jaune et noir, mais les chiffres de la pauvreté, eux, restent dans le rouge vif », constate Jos D’Haese, chef du groupe PTB au Parlement flamand, dans une première réaction.
« Nous n'avons entendu mentionner aucune mesure concrète pour lutter contre la pauvreté des enfants. En revanche, les trois partis se rangent derrière les deux premiers points du plan en 70 points du Vlaams Blok sur l'immigration, sorti en 1997 et qui a valu à l'ancêtre du Vlaams Belang une condamnation pour racisme en 2004. Au lieu d'écouter le signal social des élections, la N-VA, le CD&V et l'Open VLD mettent la barre à droite toute. » Le gouvernement Jambon 1er peut donc s'attendre à une forte opposition du PTB.
Lors de la conférence de presse de présentation de l'accord de gouvernement, pas un mot n'a été prononcé sur la lutte contre la pauvreté des enfants. « Alors qu'en Flandre, la pauvreté des enfants a doublé ces dix dernières années, Jambon n'annonce aucune mesure concrète pour aider les 150 000 enfants qui grandissent dans la pauvreté », observe Jos D’Haese, chef du groupe PTB au Parlement flamand. Il n'y a pas non plus la moindre ambition pour s'attaquer aux montants exorbitants des factures d'énergie ou des maisons de repos. »
La déclaration de Jambon n'augure pas non plus d'un changement de cap pour résoudre le problème des longues listes d'attente en Flandre. « 600 millions pour le bien-être est le seul chiffre déjà porté à notre connaissance, mais il n'y a là rien de nouveau, analyse Jos D’Haese. Rien que pour traiter les listes d'attente pour les personnes atteintes de handicap, il faut 1,6 milliard. C'est d'un turbo dans la politique sociale dont nous avons besoin, pas d'investissements-fantômes. Si Jambon veut réellement résorber les listes d'attente, qu'il montre l'argent prévu à cet effet. »
Une période d'attente pour être sur une liste d'attente
Cinq années de politique du logement de la N-VA ont fait s'envoler les prix des loyers et gonflé la liste d'attente pour un logement social de plus d'un quart. « Et pourtant, on ne s'attaque toujours pas à la crise sur le marché locatif, souligne D’Haese. Le bonus logement est supprimé et, en échange, les droits d'enregistrement pour un nouveau logement sont baissés de 7 à 6 %. Mais où restent les mesures pour rendre les loyers payables ? La garantie locative n'est pas ramenée à deux mois et il n'y a pas d’encadrement des loyers. C'est un gouvernement de quartiers résidentiels de villas qui abandonne les locataires à leur sort. »
« Il y a 154 000 personnes sur la liste d'attente pour un logement social, mais rien n'est envisagé pour résorber celle-ci, poursuit Jos D’Haese. Le nouveau gouvernement flamand instaure une période d'attente pour être sur la liste d'attente. Les familles qui ne trouvent pas de logement à un prix abordable doivent d'abord résider cinq ans dans la commune avant de pouvoir être inscrites sur la liste d'attente. Et où vont-elles habiter entre-temps ? Ce n'est pas en raccourcissant artificiellement les listes d'attente que l'on va résoudre la crise croissante du logement. »
Virage vers un nationalisme étroit de droite
Avec la N-VA aux commandes, le CD&V et l'Open VLD s'engagent également dans le virage vers un nationalisme étroit de droite. « Dans une Flandre où chaque jour des enfants vont à l'école avec une boîte à tartines vide, ce gouvernement place les écharpes de bourgmestre jaune-noir et un "canon flamand" (NDR : ce référentiel historique et culturel pour fonder une identité flamande) tout en haut de la liste des priorités, dénonce D’Haese. Il est incompréhensible que le CD&V en l'Open VLD s'associent à cela. »
Au lieu de se centrer sur l'intégration et l'inclusion, le gouvernement flamand opte pour l'exclusion. « La politique d'intégration devient une politique d'exclusion qui crée des citoyens de second rang, poursuit D’Haese. En faisant payer les nouveaux arrivants 360 euros pour un parcours d'intégration, le gouvernement relève au contraire le seuil d'accès. »
« Il est également significatif que le nouveau gouvernement applique sans gêne aucune les deux premiers points du plan en 70 points du Vlaams Blok en se retirant du centre pour l'égalité des chances Unia et en asséchant financièrement les 13 organisations qui font partie du Minderhedenforum (Forum des minorités), alors que ce sont justement ces organisations qui sont cruciales pour le processus d'intégration, constate D’Haese. "Celui qui est ici fait partie à part entière de la société", a-t-on entendu déclarer lors de la conférence de presse. À l'exception toutefois de l'accès à la protection sociale flamande, pour laquelle est instaurée une durée d'attente de 10 ans. »
Emploi
« Pour Jambon, les responsables du chômage sont "les gens qui n'ont pas envie de travailler", commente D’Haese. La réalité, c'est pourtant que des multinationales comme Continental, Thomas Cook, Punch Powertrain et KBC suppriment des centaines d'emplois parce que les bénéfices des actionnaires passent bien avant l'emploi durable. De plus, obliger les chômeurs à faire un service communautaire obligatoire n'aide en rien ceux-ci à trouver un emploi. Tous les experts s'accordent à le dire. En outre, le travail forcé des chômeurs prend la place d'emplois à part entière. »
Un enseignement pour l'élite
« Sur base de ce que nous savons aujourd'hui, il ressort que Jambon 1er fait le choix d'un enseignement pour l'élite, déclare D’Haese. Au lieu de prévoir des moyens supplémentaires pour une bonne application du ‘M-Decret’, mis en place pour aider les enfants souffrant d’un handicap ou d’une déficience mentale dans la classe, celui-ci est radicalement supprimé. Un premier degré d’enseignement large, équivallent au tronc commun qui permet d’œuvrer à une plus grande inclusion des enfants de parents peu scolarisés, passe également à la trappe. La démocratisation de l'enseignement supérieur est mise sous pression par des examens d'entrée et l'obligation de réorientation après un premier échec. Et en qui concerne la pénurie d'enseignants, le nouveau gouvernement flamand semble participer au championnat du monde des promesses non tenues. Quelles mesures concrètes Jambon 1er va-t-il prendre pour résoudre cette pénurie aiguë ? »
Manque total d'ambition pour le climat
« Bien que, le 20 septembre, 15 000 personnes soient une nouvelle fois descendues dans la rue pour exiger une politique climatique ambitieuse, le gouvernement flamand continue désespérément à manquer d'ambition en la matière, déplore D’Haese. Je ne sais pas sur quelle planète vit Jan Jambon, mais en tout cas il ne fait rien pour sauver la nôtre. Alors qu'il est désormais internationalement reconnu que la neutralité climatique doit être atteinte pour 2050, le gouvernement flamand persiste à s'en tenir à une réduction de 80 % ; pourtant, même la Commission européenne veut relever les objectifs à 100 %. »
Le PTB met les priorités sociales à l'agenda
Avec cet accord de gouvernement, la N-VA, le CD&V et l'Open VLD opèrent un hold-up sur le résultat des élections. « Ensemble, ces partis ont perdu plus d'un demi-million de voix, rappelle D’Haese. Mais au lieu d'écouter le signal social des électeurs, un signal qui appelle à se centrer sur des logements abordables, sur une approche ambitieuse de la pauvreté des enfants, sur du travail réellement faisable et sur des factures payables, le gouvernement flamand opte pour une politique de droite dure et antisociale. »
Le gouvernement Jambon peut donc s'attendre à une vigoureuse opposition du PTB, parti qui a fortement progressé aux dernières élections en Flandre. « Un vent nouveau souffle sur le Parlement, tant dans le contenu que dans le style », a-t-on déjà entendu dire mercredi dernier à l’émission de la télévision publique flamande, Villa Politica, suite aux premières interventions des nouveaux députés PTB en commission. Cette opposition, le PTB compte bien la mener au Parlement et dans la rue. « Les partis gouvernementaux ont peut-être oublié que les gens ont voté pour le progrès social, mais ce n'est pas notre cas, conclut D’Haese. Nous analyserons très attentivement le texte complet de l'accord de gouvernement dès qu'il sera publié. Mais nous promettons d'ores et déjà que nous continuerons à mettre les priorités sociales à l'agenda. »