8 mars : le gouvernement doit revoir sa réforme des pensions qui nuit aux femmes
La réforme des pensions bis de la Vivaldi touchera principalement les femmes. C'est ce qui ressort des calculs du Bureau du Plan. À l'occasion du 8 mars, journée de lutte pour les droits des femmes, nous appelons le gouvernement à revoir sa réforme des pensions qui va toucher durement une partie des femmes.
Sofie Merckx, cheffe du groupe PTB à la Chambre, et Maartje De Vries, pésidente de Zelle, le mouvement de femmes du PTB
La Vivaldi a beau se vanter d’être un gouvernement féministe, la réforme des pensions bis qui est actuellement à l’étude au Parlement ne l'est clairement pas. Et ce n’est pas sans conséquences. En raison du durcissement de l'accès à la pension minimum, à l'avenir, une femme sur 25 perdra en moyenne 440 euros de pension par an. Ce n’est pas négligeable, quand on sait que plus de 20 % des femmes perçoivent une pension inférieure à 1 000 euros par mois.
Les femmes belges perçoivent donc déjà des pensions particulièrement basses. L'écart de pension atteint les 31 %. Comment ça se fait ? En moyenne, la carrière des femmes est plus courte et leur salaire est inférieur à celui des hommes. L'inégalité hommes-femmes sur le marché du travail est maintenue et même renforcée par le régime de pension.
Travailler à temps partiel est un choix. Vraiment ?
Les femmes sont quatre fois plus nombreuses à travailler à temps partiel que les hommes, généralement parce qu’elles doivent s'occuper des enfants ou des tâches ménagères. Le fait qu'un tiers des parents ne trouvent pas de place en crèche n'arrange rien. Travailler à temps partiel n'est pas toujours un choix. « Je me bats pour obtenir un contrat à temps plein », m'a récemment confié Romina, une aide-soignante. Les aides-soignantes, les aides-ménagères et les vendeuses en magasin ne bénéficient souvent pas d’un contrat à temps plein, même lorsqu’elles le souhaitent. D'autres femmes affirment que leur travail est tout simplement trop pénible pour être exercé à temps plein.
Les précédentes réformes des pensions impactent aussi plus lourdement les femmes. Songez au relèvement de la carrière des femmes de 40 à 45 ans, par exemple. Ou au durcissement des conditions d'accès à la prépension (42 ans de carrière sont requis au lieu de 35). Un tiers des femmes ne remplissent pas cette condition, même lorsque les périodes assimilées sont prises en compte. Elles doivent continuer à travailler jusqu'à 64, 65 ans et bientôt jusqu’à 66 ou 67 ans.
Pas de droit à la pension minimum
Aujourd’hui, la Vivaldi introduit un nouveau durcissement, qui empêchera principalement des femmes d’accéder à la pension minimum. Désormais, il faudra présenter 20 années de travail effectif. Autrement, vous n'aurez plus droit à une pension minimum. Cette condition n'existait pas auparavant et vient s'ajouter à la condition des 30 années de carrière, périodes assimilées incluses. Vous ne percevez le montant total de la pension minimum qu'après 45 années de carrière.
Le problème de ce nouveau durcissement est qu'il porte sur des « années de travail effectif » et que différentes périodes assimilées sont supprimées. Il s'agit, par exemple, de crédit-temps pour « soins à son/ses enfant(s) », pour aménagement de fin de carrière, mais aussi de chômage involontaire, de maladie ou d’invalidité. Faire en sorte que ces périodes soient prises en compte constitue pourtant un principe important pour protéger les gens des conséquences négatives de coups durs ou de la nécessité de prendre en charge les tâches de soins à domicile.
Cette situation est problématique pour tous les travailleurs, mais surtout pour les femmes. Ce sont principalement les femmes qui prennent un crédit-temps. Ce système leur permet de combiner leur travail et le besoin de soins, qui ne cesse d’augmenter. Au vu des pénuries qui touchent l’accueil des enfants et les soins aux personnes âgées, la situation ne va pas s’améliorer à l’avenir. Ces pénuries font en sorte que les familles, et donc les femmes, doivent assumer encore plus de tâches de soins. Avec toutes les conséquences que cela entraîne pour leur carrière.
Les femmes méritent mieux
La suppression de la maladie comme période assimilée affecte également en particulier les femmes. Deux tiers des personnes en situation d’invalidité pour cause de burn-out et de dépression sont des femmes. Les femmes sont également plus susceptibles que les hommes d'être absentes pour des périodes de maladie plus courtes. Les troubles physiques spécifiques au corps des femmes, tels que les règles douloureuses et la ménopause ; le travail dans des secteurs où les tâches sont pénibles, comme celui du nettoyage et des soins de santé ; la double journée de travail et les tâches de soins supplémentaires. Tout cela laisse de traces. Il en résulte une augmentation des congés de maladie et, dans le cadre du nouveau système, une réduction de la pension.
Selon le Bureau du Plan, une femme sur 25 sera touchée, soit deux fois plus que les hommes. En moyenne, elles perdent 440 euros par an. La Vivaldi poursuit ainsi les réformes des pensions hostiles aux femmes des gouvernements précédents.
Les femmes méritent mieux : des salaires décents, mais aussi des pensions dignes. Car, comme l’écrivait la féministe française Simone de Beauvoir en 1949 : « Seules les femmes financièrement indépendantes peuvent faire leurs propres choix. » La lutte des femmes n'est pas terminée. Le 8 mars reste une journée de lutte importante pour les droits des femmes. Ensemble, nous luttons pour des pensions dignes pour les femmes et pour tous les travailleurs.