763 340 voix : « Le PTB est l'un des gagnants de ces élections »
Le PTB est l'un des gagnants des élections du 9 juin. Dans tout le pays, il est devenu un acteur politique que personne ne peut ignorer. Raoul Hedebouw, Peter Mertens, Sofie Merckx et Jos D'Haese, les quatre figures de proue du PTB, donnent leur évaluation des résultats.
« Le PTB est l'un des gagnants de ces élections, explique Raoul Hedebouw. Nous devenons le quatrième parti au niveau national en termes de nombre de voix. C'est pourquoi nous avons été invités relativement rapidement par le Roi. Au niveau national, nous sommes passés de 566 000 à 763 340 voix. »1
Le président du PTB a enchaîné en commentant les résultats au niveau européen : « Avec Rudi Kennes, le PTB envoie un deuxième député au Parlement européen. » En tant que syndicaliste, Rudi Kennes a déjà travaillé au niveau européen, il sait donc très bien ce que l'Europe fait et ne fait pas pour la classe travailleuse. »
« Nous sommes fiers d'envoyer un ouvrier au Parlement européen. Ce Parlement a un caractère encore beaucoup moins populaire que les autres Parlements, avec Rudi nous changeons cela. Rudi sera le mégaphone de toutes les luttes sociales menées dans notre pays et en Europe. »
Thèmes de gauche
En Flandre, le PTB a obtenu un résultat sans précédent. Au parlement flamand, le parti passe de 4 à 9 sièges : « Nous sommes très clairement l'un des grands gagnants en Flandre », déclare Raoul Hedebouw.
« Dans notre évaluation, nous soulignons également le fait d’avoir pu mettre à l'ordre du jour des thèmes importants pour la gauche, comme la Taxe des millionnaires, ajoute le président du PTB. La Taxe des millionnaires a été l'un des thèmes principaux de la campagne. Tous les autres partis ont dû prendre position à ce sujet. Et ce, dans toutes les Régions du pays, ce qui montre clairement que les préoccupations des citoyens sont les mêmes partout. La question est donc de savoir ce qui va se passer maintenant. Soit nous adoptons la politique d'austérité de la N-VA et du MR, soit nous écoutons ce que les gens ont à dire sur tous les thèmes pour lesquels ils ont voté. Comme la Taxe des millionnaires, qui devrait permettre d'investir dans les pensions, les soins de santé et les mesures sociales. »
Raoul Hedebouw insiste également sur le profil des nouveaux élus : « Nous envoyons des ouvriers et des jeunes dans les Parlements. Et ce n’est pas anodin. Nous avons placé les jeunes en haut de nos listes parce que nous pensons qu'ils ont le droit d'avoir des représentants qui expriment leurs préoccupations. » C’est notamment le cas avec Amina Vandenheuvel, d'Anvers, qui va siéger au Parlement flamand. À 22 ans, elle est l'une des plus jeunes députées de l'histoire. Comme nouveau député ouvrier, on pense aussi à Robin Tonniau, qui a travaillé chez Volvo pendant 11 ans et est élu à la Chambre.
Résultat d'un long processus
Peter Mertens, secrétaire général du PTB, revient également sur les résultats. « Comment se fait-il qu'en Belgique, le PTB se développe dans toutes les Régions du pays, alors que dans le reste de l'Europe, ce sont surtout les forces de la haine et de la division, l'extrême droite, qui se renforcent ? » C'est la question que les journalistes européens ont posée à Peter Mertens le 9 juin.
« Cette victoire n'est pas tombée du ciel, explique Peter Mertens. Nous construisons ce résultat depuis longtemps. En 2008, nous avons commencé avec le Congrès du Renouveau. En 2012, nous avons percé à Anvers et à Liège. Nous avons obtenu des avancées fédérales et régionales en 2014 et en 2019. Aujourd'hui, nous tirons profit des résultats de ce processus. »
Peter Mertens souligne également l'importance des nombreux bénévoles : « Nous sommes très heureux que 20 000 personnes aient contribué à mener cette campagne, et pas seulement des membres. La campagne a suscité un grand enthousiasme. Plus elle durait, plus le nombre de volontaires augmentait. C'est unique. »
Victoire en Flandre
Concernant les résultats spécifiques en Flandre, le chef de groupe PTB au Parlement flamand, Jos D’Haese, ajoute : « Le PTB a remporté une belle victoire électorale. Nous doublons le nombre de nos députés au Parlement flamand en passant de 4 à 9. C'est le meilleur résultat que nous ayons jamais obtenu. Nous gagnons des voix parmi les travailleurs, chez les jeunes et dans la diversité en général. Dans les villes et les zones industrielles, comme Gand, Anvers, Zaventem, Boom et Malines, nous avons obtenu beaucoup de voix. »
« Nous avons été la locomotive de la gauche au cours de cette campagne, pointe-t-il. Ensemble, les partis de gauche passent de 25,5 % à 29,5 % au Parlement flamand. C’est le meilleur score de la gauche depuis 30 ans. Nous pouvons être fiers d’avoir réussi à mettre les thèmes de gauche à l’agenda durant cette campagne. »
De Wever recule à domicile
L'un de nos résultats les plus remarquables a peut-être été enregistré à Anvers. Le PTB y est devenu le deuxième parti avec 22,5 %, laissant le Vlaams Belang loin derrière. « C'est unique, se réjouit Peter Mertens. Après tout, Anvers est le berceau du Vlaams Belang. Anvers est la plus grande ville industrielle de Flandre, et nous y avons progressé de 10 %. Avec 22,5 % nous devons un parti populaire à Anvers, il y a une énorme diversité de thèmes et de raisons pour lesquelles les gens ont voté pour le PTB. Le PTB rassemble une grande diversité de publics. Beaucoup de gens nous félicitent pour ce résultat, ils sont heureux qu'il y ait à nouveau un courant de gauche à Anvers. »
Ce résultat ouvre également des perspectives pour les élections communales. « Réunis, les trois partis de gauche atteignent maintenant 43 %, explique Peter Mertens. Avec le CD&V, il pourrait y avoir une majorité progressiste à Anvers après le mois d'octobre. La seule véritable défaite que Bart De Wever a subie hier s'est produite dans sa propre ville, à Anvers, où le PTB se rapproche de la N-VA. La N-VA y a obtenu 25 % des voix, nous 22,5 %. »
De 12 à 15 députés au fédéral
« Vous avez devant vous une cheffe de groupe fière, déclare Sofie Merckx, cheffe de groupe PTB à la Chambre. Au Parlement fédéral, le PTB passe de 12 à 15 sièges, avec des nouveaux venus issus de la classe travailleuse comme Annik Van den Bosch, caissière chez Delhaize, Kemal Bilmez, qui travaillait pour DHL à l'aéroport de Zaventem, ou encore Farah Jacquet, de Namur, qui est accompagnatrice de train à la SNCB. »
Victoire à Bruxelles
À Bruxelles, dans la capitale de l'Europe, le PTB grimpe à 20,9 %. Cela donne 16 élus, 15 francophones et 1 néerlandophone. Le PTB est premier parti dans des communes comme Anderlecht, Saint-Gilles ou Molenbeek : des communes jeunes, avec beaucoup de travailleurs et travailleuses, très diverses. « C’est une grande victoire », commente Sofie Merckx
« Notre victoire à Bruxelles est un signal qui doit être entendu, continue Sofie Merckx. Le PTB a un programme qui veut rompre avec la politique traditionnelle. À Bruxelles, nous nous concentrons principalement sur la crise du logement. Nous voulons encadrer les loyers et en finir avec la toute-puissance des barons du béton. »
Le PTB envoie aussi 4 jeunes au Parlement bruxellois, avec Soulaimane El Mokadem, Manon Vidal, Mehdi Talbi et Octave Daube. Ce dernier, 24 ans, étudiant, responsable de Comac (le mouvement étudiant du PTB) était actif notamment dans le combat contre le Décret Paysage. Notre tête de liste fédérale, Nabil Boukili, fait le plus haut score avec 29 627 voix de préférence. Françoise De Smedt, tête de liste régionale, fait quant à elle le troisième plus haut score au niveau régional avec 16 737 voix.
Maintien d'une position forte en Wallonie
Sofie Merckx continue sur les résultats au Sud du pays : « En Wallonie, on a vu deux locomotives émerger : une locomotive qu’on peut qualifier de “sarkozyste” avec le MR, et une autre de “macroniste” avec les Engagés. Face à ces locomotives, la gauche recule dans son ensemble. Mais le PTB est le parti de gauche qui résiste le mieux. On fait plus de 12 % en Wallonie, soit une baisse de 1,5 % par rapport à 2019. Avec notre programme de rupture, en partant des hauts résultats de 2019, nous maintenons donc en Wallonie une position forte. »
Raoul Hedebouw analyse plus en détails : « Tout au long de la campagne, la question était de savoir si le PTB pouvait ou voulait entrer au gouvernement. Pendant 9 mois, nous avons tendu la main au PS et à Ecolo pour former une majorité de gauche autour de points de rupture clairs. Pendant 9 mois, ils ont fermé la porte. On se souvient en particulier de l’épisode où Paul Magnette traite le PTB de “couillons”. Nos propositions étaient qualifiées d’“irréalistes” par les partis de gauche traditionnels. Des points de rupture clairs comme le fait de ramener l'âge de la pension à 65 ans, de taxer des millionnaires ou de permettre aux salaires d’augmenter sont devenus selon eux “impossibles” à réaliser. PS et Ecolo renonçaient à porter ces revendications - avant même les élections - au nom des petits calculs politiciens de ce qui seraient acceptés par les autres partis traditionnels. »
« Car si la gauche traditionnelle a fermé la porte au PTB, elle l’a grande ouverte aux Engagés, poursuit Raoul Hedebouw. PS et Ecolo ont mis en avant un programme qui était compatible avec les Engagés pour former une majorité avec eux. Les Engagés étaient qualifiés de partenaire permettant de former la majorité “la plus progressiste”. Ils ont reçu de ce fait une reconnaissance injustifiée de parti “social”. Le parti socialiste a réalisé de nombreuses vidéos et des visuels contre le PTB mais aucune critique sur les Engagés. Il y a eu dans les faits une sorte d’appel au vote utile pour les Engagés. »
Ensuite, il y a eu le MR qui a mené campagne en Wallonie en « divisant pour mieux régner ». En faisant croire qu’on allait pouvoir augmenter les salaires en s’attaquant aux chômeurs ou aux malades de longue durée. En tapant vers le bas pour éviter que les gens ne regardent vers le haut. Raoul Hedebouw : « Ici aussi, la gauche doit répondre par un discours offensif qui encourage les gens à regarder vers le haut, vers les super-riches, les spéculateurs, les plus puissants. Ce sont les travailleurs et travailleuses qui produisent les richesses et les services de notre société. Une trop petite partie de cette richesse leur revient sous forme de salaire car des actionnaires se servent de cette richesse pour faire grossir leurs dividendes. La gauche traditionnelle n’a pas rappelé cette contradiction en revendiquant la révision de la loi qui bloque les augmentations de salaire. Elle a laissé le champ libre aux libéraux dans la bataille des idées. »
Le président du PTB tire une leçon importante de ces élections : « Toute la campagne nous montre que comme parti de gauche, si on n’ose pas mettre en avant des points de rupture clairs, on est punis. Ce n’est pas dans la résignation ou dans le “sans nous ce serait pire” qu’on mobilise les gens. Le PTB a travaillé à sauver la gauche en restant offensif sur des revendications de gauche. Il est le parti de gauche qui résiste le mieux dans le cadre de ce shift vers la droite. Si elle veut gagner, la gauche doit faire rêver avec des revendications fortes et les rendre crédibles. »
Le PTB incontournable
« Le résultat global de ces élections fait de nous un des principaux partis dans tout le pays, conclut Raoul Hedebouw. C’est une croissance importante du PTB qui fera de nous un parti incontournable. »
Dans ce cadre, le PTB est prêt à négocier à tous les niveaux et à mettre sur la table son programme d'alternatives sociales. Pour cela, le parti compte avant tout sur la gauche pour entamer des discussions dans un esprit ouvert et constructif.
- Résultats des listes PTB au niveau européen pour l’ensemble du Royaume – chiffre mis à jour avec les derniers résultats