5 multinationales polluent presque autant que l’ensemble des ménages belges mais reçoivent des milliards de subsides et de cadeaux fiscaux
Engie-Electrabel, Total, ArcelorMittal, BASF et ExxonMobil. Ces 5 multinationales produisent 20% de la totalité des émissions de gaz à effet de serre en Belgique. C’est ce que le service d’étude du PTB a pu calculer, à partir des tableaux du système européen de commerce de droits d’émission ETS. Ces 5 grands pollueurs reçoivent pourtant des millions de subsides et ont obtenu en 2018 plus de 2,7 milliards de réduction d'impôts.
Télécharger notre étude.
« Une poignée de grandes entreprises sont responsables d’un cinquième de la pollution climatique ! Cela recadre clairement le débat sur le climat. 20%, c’est presque autant que l’ensemble des émissions de toutes les familles du pays réunies. Pour atteindre nos objectifs climatiques, notre pays doit trouver un moyen de réduire drastiquement et rapidement les émissions de ces pollueurs géants. Ce n’est que comme cela qu’une politique climatique ambitieuse et socialement juste sera possible », explique Antoine Hermant, président de la commission climat du Parlement wallon.
Ces cinq multinationales ont encaissé 10 milliards d’euros de bénéfices, mais elles paient en moyenne à peine 4,2% d’impôts, ce qui revient à une réduction fiscale de 2,7 milliards d’euros en 2018. Par ailleurs, le PTB a calculé que ce top 5 des grands pollueurs a reçu pas moins de 10 millions d’euros de subventions de la Flandre en 2018. Ce serait selon le gouvernement flamand « pour compenser le fait que leur facture énergétique est plus élevée en Belgique que dans les pays voisins ». En 2020, ce montant devrait encore grimper jusqu’à 25 millions d’euros. « Les simples ménages ne reçoivent aucune aide pour compenser l’augmentation du prix de l’énergie, mais les entreprises ultra-riches et ultra-polluantes bien. C’est le monde à l’envers », a d'ailleurs réagi Jos D'Haes, le chef de groupe PTB au Parlement flamand.
Par ailleurs, le système européen ETS, que la Belgique a rejoint en 2005, maintient la grande industrie à l’écart des plans nationaux pour le climat. Ces multinationales ne contribuent donc pas du tout aux efforts climatiques. Et ces quinze années d’ETS ont prouvé que dans la pratique, ce système ne permet pas de pousser les grands pollueurs à réduire leurs émissions. L’État fédéral s’attend même à une augmentation des émissions dans le secteur ETS belge dans les prochaines années...
Pour le PTB, il est clair qu’une politique climatique ambitieuse et socialement juste ne sera possible qu’en prenant des mesures contre ces grands pollueurs. « Nous pouvons y arriver en imposant des normes contraignantes aux multinationales, à l’instar des normes fixées pour endiguer le phénomène des pluies acides et du trou dans la couche d’ozone. Pour cela, la Belgique doit sortir du système ETS. En fixant des normes, par secteur et par entreprise, la Belgique pourrait donner à d’autres pays l’exemple d’un plan de lutte contre la crise climatique qui soit à la fois ambitieux et socialement juste », conclut Antoine Hermant.