5 axes indispensables pour la lutte contre la pauvreté
La pauvreté n’est pas une fatalité mais une question de choix politiques. Des choix qui ne sont pas faits aujourd’hui ni en Wallonie, ni à Bruxelles, ni en Flandre. Voici quelques pistes à contre-courant des politiques actuelles qui offrent une réponse cohérente et efficace à la pauvreté croissante.
En Wallonie, nous sommes dans une situation d’urgence sociale. La pauvreté touche un enfant sur quatre. À Bruxelles, c’est 40 % des enfants qui sont dans une situation de pauvreté. Cette situation, dans un des pays les plus riches du monde, est inacceptable. Mais, évidemment, c’est plus dur à sentir quand on gagne 6 000 euros par mois comme député ou 10 000 comme ministre…
Dans les déclarations de politique régionales des différents gouvernements, il apparaît clairement que la lutte contre la pauvreté est négligée. Voici cinq axes de lutte contre la pauvreté qui vont à contre-courant des politiques traditionnelles.
1. Un enseignement réellement gratuit pour tous et toutes
L’article 24 dans la constitution belge explique que « Chacun a droit à l’enseignement dans le respect des libertés et droits fondamentaux » et que « L’accès à l’enseignement est gratuit jusqu’à la fin de l’obligation scolaire.»
Or chaque famille qui subit la rentrée scolaire sait que notre enseignement est tout sauf gratuit. L’enseignement en communauté française va même jusqu’à faire payer les enfants pour seulement avoir le droit de manger leurs propres tartines à l’école. Dans certaines écoles, si cette « taxe tartine » n’est pas payée, les enfants peuvent se retrouver à manger leurs tartines dehors ou assis par terre. C’est inacceptable. Il faut investir les moyens humains et matériels nécessaires pour offrir des conditions de travail décentes au personnel enseignant ainsi qu’un enseignement de qualité et un encadrement convenable à nos enfants.
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Abolissons et interdisons la taxe tartine. Le PTB va introduire une proposition de décret pour interdire la taxe tartine en incluant le temps de midi dans le temps scolaire, ce qui n’est pas encore le cas.
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Rendons l’enseignement réellement gratuit : le matériel, les activités et sorties, la garderie doivent être gratuits et financés par les pouvoirs publics.
2. Une politique sociale pour le logement
Partout, les loyers explosent et les listes d’attente pour les logements sociaux augmentent. En Wallonie, 40 000 personnes sont sur liste d’attente. À Bruxelles, 43 000 familles sont en attente. Et en Flandre, la situation n’est pas meilleure. Face à cette urgence le gouvernement wallon MR-PS-Ecolo se propose de construire… 600 logements neufs par an. A ce rythme, on résoudra la crise du logement en… 2086.
Pour rencontrer cette urgence locative, nous avons au contraire besoin d’une politique ambitieuse, avec une entreprise publique de rénovation et de construction de logement.
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Nous voulons atteindre 20% de logements publics en Wallonie et à Bruxelles. Construisons 40 000 logements sociaux en Wallonie et 10 000 à Bruxelles.
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Imposons une grille contraignante des loyers pour arrêter la flambée des prix offrir aux locataires des loyers payables.
3. Garantir le droit à l’énergie
En 2017, 6 500 coupures d'électricité sont intervenus pour la seule région wallonne. Et, en avril dernier, le précédent gouvernement wallon MR-cdH a facilité les coupures d’électricité auprès des personnes en défaut de paiement. À Bruxelles, plus de 1 100 coupures d’électricité ont eu lieu en 2017, et 1 000 coupures de gaz.
Face à cela, les partis traditionnels proposent un compteur à budget, qui n’autorise la livraison de l’électricité ou du gaz que si vous avez au préalable chargé le compteur. Mais ce système ne fait qu’imposer le choix suivant : soit renoncer à l’énergie, soit s’endetter sur d’autres postes du budget.
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Interdisons les frais de rappel ou les mises en demeure pour les factures d’énergie.
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Élargissons le groupe cible ayant droit au tarif social pour le gaz et l’électricité.
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Aidons les gens à économiser l’énergie grâce à un système de tiers payant pour de nouveaux appareils peu énergivores et pour des rénovations.
4. Garantir le droit à l’eau
Le 28 juillet 2010, l’Assemblée générale des Nations unies a reconnu « le droit à une eau potable salubre et propre comme un droit fondamental, essentiel au plein exercice du droit à la vie ». Les gouvernements doivent donc garantir et assurer à tous les citoyens que l’eau usée est collectée et épurée et que suffisamment d’eau saine et potable est disponible. L’exercice de ce droit ne peut pas être entravé financièrement.
Pourtant, entre 2005 et 2016, la facture moyenne d’eau a augmenté de 89 % en Flandre, de 74 % en Wallonie et de 56 % à Bruxelles.
Pendant des années, le PTB a mené des actions à Anvers contre les fermetures de compteurs d’eau et a imposé une interdiction contre les coupures. Nous voulons ancrer cette interdiction dans la législation.
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Interdisons qu’on coupe ou qu’on restreigne l’eau pour des raisons financières. En cas de retards de paiement, les gens sont accompagnés par un service de médiation de dettes.
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Refusons toutes nouvelles taxes à la consommation et augmentations de prix inéquitables. Nous avons pour objectif de financer la politique de l’eau par une politique de redistribution (impôt sur le revenu).
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Par personne domiciliée dans un logement, nous garantissons la gratuité des 15 premiers mètres cubes (25 pour un isolé).
5. Créer des emplois stables
La principale garantie contre la pauvreté reste toujours un emploi stable et payé correctement. Il y a 139 000 chômeurs en Wallonie. La réponse du gouvernement PS-MR-Ecolo c’est la création de sous-emplois comme la « Garantie Jeunes » qui est payée à 75 % par la collectivité. Intéressant pour l’employeur mais qui fournit des emplois précaires aux jeunes.
À Bruxelles, où cette « Garantie Jeunes » existe, le gouvernement PS-Ecolo-Défi veut l’élargir. Pourtant, la FGTB-Bruxelles a tiré la sonnette d’alarme dans son étude intitulée « Pour un travail juste, pas juste un travail » : elle y révèle qu’en 2017, 56 % des jeunes travailleurs bruxellois sont confrontés aux contrats temporaires. En 2013, ce n’était encore « que » 37 %. La hausse de ces emplois temporaires est aussi la conséquence de l’instauration de cette « Garantie Jeunes ».
En Flandre, le gouvernement veut instaurer un « Job Bonus », qui subsidie des emplois payés au salaire minimum aux frais du contribuable.
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Nous remplaçons les emplois précaires et sous-payés, nuisibles à la sécurité sociale, par des emplois décents.
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Nous octroyons aux faux indépendants et aux travailleurs des plates-formes collaboratives (Deliveroo, Uber…), un statut d’employé digne de ce nom. Nous leur garantissons des conditions salariales et de travail correctes, mais aussi la concertation sociale ainsi que des moyens et des équipements de travail adéquats.
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Une entreprise qui veut engager des intérimaires ou des étudiants devra au préalable proposer à ses propres employés de prester davantage d’heures. Ainsi les femmes, souvent engagées à temps partiel, pourront augmenter leur temps de travail si elles le veulent.
Combattre la pauvreté n’est pas une question de charité, mais de justice sociale
Faire de la politique, c’est un engagement pour servir la société, pas pour se servir. Nous voulons diviser par deux le salaire des ministres et des députés et supprimer les primes de sortie, afin que les élus soient dans un mode de vie plus proche de la population qu’ils prétendent représenter. Sinon, ils ne peuvent même pas imaginer ce que signifie une augmentation de la TVA pour un ménage de travailleurs.
Par ailleurs, nous vivons dans un monde où le nombre de millionnaires, multimillionnaires et milliardaires ne fait qu’augmenter, et où les grandes multinationales ont distribué en 2018 des montants records de dividendes à leurs actionnaires. Et la Belgique est l’un des pays les plus riches de ce monde. Permettre encore qu’en 2019 il y ait chez nous des enfants qui vivent et grandissent dans la pauvreté est inacceptable.
Il est temps de faire payer les plus riches pour permettre à chacun et chacune de mener une vie digne.