"15 millions de pains dans les réservoirs d'essence européens chaque jour" : le PTB veut bannir les biocarburants coûteux
Le député PTB Thierry Warmoes a déposé au Parlement une proposition visant à éliminer progressivement les biocarburants basés sur les cultures agricoles dans notre pays. Il veut ainsi faire pression pour que cette problématique soit prise en main. « Les biocarburants sont mauvais pour nos portefeuilles et la planète, en plus d’exacerber la faim dans le monde », affirme Thierry Warmoes.
« Dans le monde entier, les prix de l'énergie et des denrées alimentaires s'envolent. Les biocarburants basés sur les cultures agricoles poussent encore ces prix à la hausse. En ces temps de pénurie mondiale de céréales et d'huile végétale, on ne peut absolument plus justifier de continuer à brûler des aliments dans nos réservoirs et à sacrifier la production agricole pour du carburant. De plus, les biocarburants sont une fausse solution pour le climat : ils sont généralement beaucoup plus polluants que le diesel et l'essence ordinaires. Les seuls gagnants dans cette histoire sont les grands groupes agroalimentaires et pétroliers qui réalisent des profits exorbitants. Il est grand temps d’y mettre un terme. »
Les biocarburants font encore grimper les prix à la pompe
Selon Inter-Environnement Wallonie et Bond Beter Leefmilieu, le surcoût total causé par l’incorporation obligatoire de biocarburants avoisine 1 milliard d’euros par an, à charge des consommateurs belges. « Nous constatons que le prix des biocarburants augmente encore plus vite que celui des combustibles fossiles, explique Thierry Warmoes. D'une part, cela s'explique par le fait que la hausse générale du prix de l'énergie se répercute fortement sur le prix des biocarburants, en raison de l'augmentation des coûts énergétiques pour les agriculteurs et les raffineries. D'autre part, paradoxalement, nous devons constater que la demande de biocarburants encore plus chers augmente invariablement lorsque le prix des combustibles fossiles augmente. De peur que ces derniers ne deviennent inabordables, le marché libéralisé de l'énergie spécule sur les carburants alternatifs. »
La course aux biocarburants intensifie donc ‘l'ouragan de la faim’
« La demande accrue de biocarburants crée à son tour des problèmes sur le marché alimentaire, poursuit Thierry Warmoes. Plus on produit de biocarburants, plus on utilise de céréales et d'huile végétale à cet effet, et moins il en reste pour le marché alimentaire. Ce dernier point est particulièrement évident maintenant que le monde doit soudainement se passer des céréales et de l'huile de tournesol en provenance d'Ukraine. En conséquence, le secteur alimentaire doit chercher des alternatives. Mais cela devient plus difficile et plus coûteux à mesure que de plus en plus de cultures agricoles sont destinées aux biocarburants. Ces biocarburants réduisent l'offre alimentaire et rendent les denrées de base progressivement inabordables pour une partie de la population mondiale. Par ailleurs, 10 % des Belges sont menacés d'insécurité alimentaire parce qu'ils ne peuvent plus s'offrir un caddie plein. La course aux biocarburants intensifie donc "l'ouragan de la faim" contre lequel le secrétaire général des Nations unies, M. Guterres, avait mis en garde au début de la guerre en Ukraine. »
Le gouvernement a du mal à joindre le geste à la parole
« Dans ce contexte, certains partis gouvernementaux commencent enfin à comprendre que ce n'est pas une bonne idée de faire disparaître l'équivalent de 15 millions de pains dans les réservoirs d'essence européens chaque jour, constate Thierry Warmoes. Groen et Ecolo, qui l'année dernière encore s'opposaient à notre proposition de loi, ont annoncé à la mi-avril qu'ils allaient eux-mêmes soumettre une proposition visant à éliminer progressivement la première génération de biocarburants. La ministre fédérale du Climat, de l'Environnement et du Développement durable, Zakia Khattabi (Ecolo), s'est également prononcée ouvertement en faveur d'une interdiction de la première génération. Nous considérons qu'il s'agit d'une évolution positive. Mais le gouvernement a toujours eu du mal à joindre le geste à la parole lorsqu'il s'agit de biocarburants. Il y a un an, il a annoncé l'élimination progressive des biocarburants à base de soja et d'huile de palme, mais l’arrêté royal à cet effet n'a toujours pas été instauré aujourd'hui. Un an après l'échéance, il n'y a toujours pas non plus d'accord sur la transposition de la nouvelle directive européenne sur les énergies renouvelables, qui revient en partie sur les biocarburants. Cela contraste fortement avec l'urgence à laquelle il faut s'attaquer à ce problème dans un contexte de crise énergétique et alimentaire. »
Nous payons tous plus cher à la pompe pour plus d'émissions et plus de faim dans le monde
« La Belgique doit jouer un rôle de pionnier en prenant des mesures concrètes pour éliminer les biocarburants basés sur les cultures agricoles, conclut Thierry Warmoes. Avec la vague de chaleur extrême qui a frappé l'Inde le mois dernier, un autre grenier du monde est parti en fumée. Il serait donc extrêmement cynique de notre part de continuer à brûler des céréales dans nos voitures, soi-disant pour rendre nos transports plus durables. Cela n'a aucun sens quand on sait qu'en 2020, le biodiesel a engendré à lui seul 8,5 % d’émissions en plus dans nos transports que si nous avions roulé entièrement au diesel fossile. Cette même année, nous avons également payé 18 % de plus pour le diesel et 23 % de plus pour l'essence par rapport à ce que nous aurions dû payer sans le mélange de biocarburants. Nous payons donc tous plus cher à la pompe pour plus d'émissions et plus de faim dans le monde. Le PTB veut mettre fin à cette folie. »