Le PTB plus proche de toi et toi plus proche du PTB. Renforce la vague sociale.!

Télécharge notre app

13 mesures pour lutter efficacement contre le trafic de drogue

On a assisté ces derniers temps à Anderlecht à de multiples fusillades liées aux milieux criminels de la drogue. Les habitants vivent dans la peur face à une violence quotidienne. Des jeunes meurent dans des guerres de territoires entre gangs de la drogue. Des passants risquent leur vie. Il faut que ça cesse. Chacun a le droit à la sécurité. Le PTB propose son plan d’action avec 13 mesures à prendre pour restaurer la sécurité à Bruxelles et lutter contre le trafic de drogue.

Lundi 3 mars 2025

Trafic de drogue en rue.

Ces mesures sont basées sur les demandes des acteurs de terrain – notamment le procureur du Roi de Bruxelles et la Commissaire nationale à la lutte contre la drogue, mais aussi les acteurs associatifs et citoyens - et dans l’optique de leur donner les moyens nécessaires pour agir rapidement.

Un contexte préoccupant qui demande des investissements

Bruxelles fait face depuis trop longtemps à une montée de la violence liée au narcotrafic. Celui-ci gangrène aussi d’autres grandes villes en Belgique. A Bruxelles, les quartiers des communes populaires sont aujourd’hui le théâtre de fusillades et d’affrontements entre gangs. Les premières victimes de cette violence sont les habitants, et les jeunes. Selon les acteurs de terrain – du Procureur du Roi, à la Commissaire nationale aux drogues1, aux associations de quartier, etc. –, il est urgent d’agir avec une approche globale. Il faut s’attaquer aux gros narcotrafiquants, couper les robinets de la drogue, toucher à leur portefeuille. Mais il est tout aussi important d’apporter des solutions sociales afin de donner des perspectives à toute une série de personnes qui n’en n’ont plus dans la société. Afin qu’elles ne tombent pas dans ces réseaux criminels. Priorité à la jeunesse qui a besoin de perspectives d’avenir. Il faut une vision globale pour éradiquer cette violence liée au trafic de drogue.

Les partis de droite, le MR de Georges-Louis Bouchez en tête, font de la surenchère dans leurs effets d’annonce, mais ils oublient de dire que nous payons toujours les conséquences du manque de moyens et des coupes réalisées notamment sous le gouvernement Michel (MR-N-VA). Cela fait 25 ans que ce sont des ministres libéraux, CD&V/Engagés ou N-VA qui sont au ministère de l’Intérieur et on voit le résultat : un manque criant d’enquêteurs de la police judiciaire, de moyens pour les douanes, ainsi que le refus de lever le secret bancaire pour suivre l’argent des grands trafiquants. Or si on veut sortir de ce narcotrafic, ce sont justement des enquêtes qui sont nécessaires et ne pas se contenter de s’attaquer seulement aux dealers visibles. Il faut des moyens pour remonter les réseaux et arrêter les têtes.

Les attaques au niveau social de l’Arizona ne feront aussi qu’accentuer la précarité à Bruxelles. Blocage des salaires, limitation dans le temps des allocations de chômage, mise en difficulté supplémentaire des CPAS, coupes dans les investissements stratégiques du fonds Beliris... Ce qui, au lieu de le diminuer, renforcera encore le terreau qui pousse des personnes vers le narcotrafic. Tout le contraire de ce que nous avons besoin aujourd’hui.

Notre plan pour lutter contre les narcotrafiquants

Pour rompre ce cycle infernal, nous proposons un plan en plusieurs volets, ciblant à la fois l’offre de drogue, ainsi que les mécanismes financiers qui permettent aux réseaux de perdurer et prendre des mesures sociales afin d’éteindre le terreau qui mène à tomber dans le narcotrafic :

1. Contrôler les entrées de la drogue et multiplier les saisies

Comme l’explique très bien la Commissaire aux drogues, Ine Van Wymersch, le problème est surtout une offre de drogues qui augmente. Il faut donc s’attaquer à la logistique et au transport de la drogue :

  • Renforcer les contrôles aux pôles logistiques comme le port d’Anvers, avec un renforcement des douanes, avec des scanners mobiles supplémentaires et la formation de nouveaux chiens détecteurs de drogue et d’argent, mais aussi aux portes d’entrée de Bruxelles, notamment via les réseaux ferroviaires. Cela demande de réinvestir dans la police ferroviaire. D’après le procureur du Roi de Bruxelles, Julien Moinil, il manquerait 200 agents.
  • Mettre en place des opérations de saisie ciblées afin de limiter l’accès aux substances illicites.

2. Lutter contre la production locale des drogues de synthèse

La Belgique est malheureusement un pays à la pointe de la production de drogues de synthèse. Il faut donc s’attaquer aux laboratoires clandestins produisant de la drogue de synthèse (comme la kétamine et d’autres substances dangereuses) en Belgique.

Avoir une vision stratégique consiste à ne pas se contenter d’arrêter les petits dealers – bien qu’ils constituent le maillon visible de l’iceberg – mais viser les têtes des réseaux. Le terreau qui fournit les dealers est tellement vaste que se limiter à les arrêter eux fera que, dès le lendemain, plein d’autres prendront leur place. En d’autres termes, viser les têtes des réseaux c’est cibler le portefeuille des grands trafiquants qui financent ces opérations.

3. S’attaquer aux têtes des réseaux : combattre le blanchiment d’argent et saisir les avoirs des criminels

Les narcotrafiquants n’ont qu’un seul but : faire de l’argent. Si on veut les atteindre, c’est donc à leur portefeuille qu’il faut s’en prendre. Al Capone ne s’est pas retrouvé en prison à cause de ses activités de contrebande, d’alcool illégal ou de drogue, mais à cause de sa feuille d’impôt. La lutte contre le blanchiment d’argent est donc aussi essentielle : 

  • Développer des cartographies précises en coopération avec la Région et les communes : recenser les transactions immobilières suspectes, identifier les commerces et les flux financiers suspects afin de mieux surveiller et cibler les activités de blanchiment, fermer les commerces impliqués.
  • Lever le secret bancaire afin de contrôler les transactions suspectes des narcotrafiquants.
  • Saisir les avoirs des grands trafiquants pour les priver des ressources qui alimentent leur criminalité.

4. Renforcer un fonds « asset recovery » 

Il s’agit d’un fonds alimenté par les saisies des avoirs des trafiquants et dédié à la lutte contre le narcotrafic. Il existe déjà un « Fonds drogue » mais il n’a reçu qu’un montant de 5 millions à partir de 2025. Il faudrait le renforcer de montants supplémentaires fournis par les saisies et également définir les acteurs qui devraient bénéficier de cet argent afin de lutter contre le trafic de drogue de manière stratégique.

5. Centraliser les informations 

Il manque une image précise de qui sont ces bandes criminelles en Région bruxelloise. Il faut mettre en place une cellule centrale permettant de recenser et d’analyser de manière précise l’organisation des bandes criminelles.

6. Renforcer les enquêtes judiciaires 

Augmenter significativement le nombre d’enquêteurs spécialisés au sein de la police judiciaire (avec une estimation d’au moins 100 renforts) afin de remonter efficacement la chaîne des trafiquants et de déjouer les réseaux complexes. Renforcer aussi les enquêteurs au niveau de la police locale, leur présence sur le terrain sur du long terme également.

7. Renforcer la police de proximité et la présence sur le terrain

Opter pour une présence policière durable dans les quartiers, loin des mesures coup de poing qui, à court terme, ne résolvent pas le problème. Des agents de proximité, connaissant leur territoire, pourront instaurer un climat de confiance et dissuader les trafiquants sur du long terme. Mais pour cela il manque aussi de moyens. Rien que sur Bruxelles il manquerait 800 agents de police.

Mais la répression ne suffit pas pour enrayer le trafic de drogue. La société a besoin d’investissements sociaux, pour empêcher que des personnes en soient exclues. Cette exclusion sociale, les situations de précarité, le manque de perspectives d’avenir pour de nombreux jeunes constituent le terreau qui fait que certains tombent dans le narcotrafic. La priorité doit être mise sur lʼaide aux jeunes à se construire un avenir.

8. Favoriser l’emploi, le logement, l’insertion professionnelle 

Le manque de perspective d’avenir pour toute une série de jeunes à Bruxelles peut les pousser vers le narcotrafic. Pour l’argent, pour l’adrénaline, etc. et c’est la spirale infernale qui commence. Créer de l’emploi, aider les jeunes à trouver du travail, leur permettre de se projeter dans un logement abordable et décent, fonder une famille, tout cela est crucial. En développant tout cela, on casse l’attractivité du trafic de drogue. La Région a les leviers pour prendre en main la production de logements publics, créer de l’emploi de qualité et organiser un accompagnement des jeunes vers le travail.

9. Investir dans l’enseignement

La politique actuelle d’enseignement à deux vitesses, avec ses barrières financières, sa sélection sociale et ses nombreux échecs, fait que beaucoup d’enfants n’ont pas accès à l’enseignement comme ils devraient. D’un quartier à l’autre, on peut passer d’écoles d’élites à des écoles où des enfants ne savent pas lire et écrire correctement en 6è primaire. Cela hypothèque évidement leur avenir. Beaucoup de parents sont inquiets pour leurs enfants et trouvent que l’enseignement de qualité devrait pourtant être le fondement de toute société.

Il faut refinancer et transformer l’enseignement pour qu’il soit accessible à tous, de qualité et tourné vers la réussite pour tous. Avoir des classes plus petites, l’enseignement réellement gratuit, du personnel enseignant suffisant pour aider à la réussite.

L’école est aussi le lieu où la prévention sur la dangerosité des drogues devrait se faire de manière plus intense.

10. Lutter contre le décrochage scolaire

Beaucoup de jeunes ont besoin d’aide, notamment, pour ne pas décrocher de l’école. Aujourd’hui, huit acteurs différents sont concernés par des projets pour lutter contre le décrochage scolaire en Région bruxelloise. Il manque clairement une vision cohérente et de la coordination pour raccrocher les jeunes à l’école. Où est la cartographie des jeunes concernés par le décrochage scolaire ? Quelle aide individuelle est fournie à chacun de ces jeunes ? Il manque d’un plan cohérent au niveau régional.

11. Création de places d ’hébergement pour les mineurs en danger et renforcement du Service d’Aide à la Jeunesse

Les juges bruxellois de la jeunesse lançaient déjà un cri d’alarme en 2022. Le Procureur du Roi le dit encore aujourd’hui : 400 mineurs en danger devraient être accueillis dans une institution mais ne peuvent pas l’être. Les places d’hébergement manquent cruellement ainsi qu’un renforcement de l’accompagnement des familles. Le Service d’Aide à la Jeunesse (SAJ) manque aussi de moyens, le secteur est en crise depuis des années. En 2023, les travailleurs manifestaient devant le siège du gouvernement de la Fédération Wallonie Bruxelles pour demander plus de personnel. Ces renforcements sont nécessaires pour venir en aide à des enfants qui sont parfois dans des situations très précaires. 

12. Assurer un suivi plus accru des jeunes qui tombent dans la délinquance

Les jeunes qui ont été condamnés pour des faits, une fois relâchés, ont besoin de suivi et d’accompagnement pour empêcher un ancrage plus profond dans des réseaux criminels. Cela veut dire aussi mettre en place un suivi au niveau de recherche de travail, de formation ou autre, pour permettre aux jeunes de s’insérer durablement. Cela demande un accompagnement personnalisé à tous ces jeunes.

13. Prendre soin des plus vulnérables

Enfin, le plan inclut une attention particulière aux sans-abris et aux personnes en situation de grande précarité. Une meilleure prise en charge dans les quartiers, les espaces publics (rues, métros) des personnes qui dorment dehors est indispensable également. Ce sont évidement des publics vulnérables et sujet aux drogues. Les associations de terrain doivent être renforcées pour leur venir en aide et les sortir de la rue. Enfin, l’aide aux toxicomanes pour les sortir de leurs problèmes de dépendances, doit également être renforcée.


En combinant des mesures de répression ciblée – visant aussi bien l’offre que les infrastructures financières des réseaux, en arrêtant les têtes – avec des actions de prévention et de soutien aux populations les plus vulnérables, ce plan vise à restaurer la sécurité dans nos quartiers. Comme le disait le Procureur du Roi de Bruxelles : « J’en ai marre des effets d’annonce », il est temps de donner les moyens aux différents acteurs de terrain avec une vision stratégique.
 

1. Tous les deux auditionnés au parlement bruxellois le 18 février 2025