104 098 personnes ont rempli la Grande Enquête : voici les résultats
En un peu plus de cinq mois, de fin août à début février, le PTB a récolté les opinions de 104 098 personnes dans le cadre de la Grande Enquête. Deux thèmes apparaissent clairement comme des priorités : le pouvoir d'achat et la justice fiscale. Dans cet article, nous examinons de plus près les résultats.
Tour de force démocratique
C’est la première fois qu’un parti politique interroge autant de gens dans notre pays. Derrière chaque réponse se cachent des conversations et des discussions. Et un engagement. Ce sont en effet des volontaires sur le terrain qui ont fait remplir la majorité des enquêtes. Ils sont allés voir leurs familles et leurs amis, se sont rendus aux portes des entreprises et sur des marchés, ont fait du porte-à-porte dans leur quartier, etc. pour faire remplir la Grande Enquête.
Quelques chiffres :
- 400 sections à travers le pays ont travaillé avec l'enquête.
- Au moins une enquête a été remplie par commune sur les 581 communes belges. Pour la ville d'Anvers, il y en a eu près de 11 137.
- Le bus de la Grande Enquête du PTB a fait halte à 25 endroits différents.
- En moyenne, les gens ont consacré 12 minutes à la Grande Enquête. Au total, 21 000 heures ont été consacrées à récolter les opinions.
Dans son enquête, le PTB posait une question ouverte : « Qu'est-ce que vous changeriez en premier si vous étiez aux commandes ? » Ensuite, le parti présentait 30 de ses propositions, réparties en six thèmes nationaux et quatre thèmes locaux.
Le parti était déjà allé à la rencontre des citoyens par le passé pour connaître leurs priorités et leur demander leur avis, mais jamais à une échelle aussi grande que cette année.
Les réponses ont été étudiées avec beaucoup d'attention. C'est principalement la population active qui a été interrogée : par rapport à la population générale, il y a une surreprésentation des 30-65 ans. 53,9 % des personnes interrogées étaient des hommes. Toutes les provinces belges sont représentées de manière relativement proportionnelle, avec une représentation légèrement plus importante pour la province d'Anvers.
Le pouvoir d'achat et la justice fiscale comme priorités
Nous avons demandé aux gens de choisir les trois thèmes les plus importants parmi six options. Si on attribue un score de 3 à la première réponse, de 2 à la deuxième et de 1 à la dernière, on obtient un score pondéré pour l'importance de ces thèmes. Le pouvoir d'achat et la justice fiscale sont apparus clairement comme les deux thèmes principaux, avec respectivement 24,3 % et 22,4 %. Viennent ensuite la question du climat (14,5 %), les privilèges des politiciens (14,0 %), un travail décent (12,7 %) et la crise du logement (12,1 %).
C’est également ce qui est ressorti en analysant la question ouverte. Nous avons pu diviser plus de 87 000 réponses en près de 500 thèmes, qui ont été regroupés en 37 catégories. Ici, la catégorie « Fiscalité » apparaît avec une large avance (12,5 %) comme le sujet le plus important, suivie par « Politique » (8,9 %) et « Pouvoir d'achat » (8,8 %). Des catégories telles que la mobilité, le logement, l'égalité et la pauvreté suivent à une distance plus importante.
Le pouvoir d'achat et la justice fiscale sont deux questions étroitement liées. En effet, la TVA sur les aliments ou les accises sur l'énergie ont un impact direct sur nos factures. Une des propositions pour améliorer le pouvoir d'achat consiste à réduire la TVA et les accises injustes sur les produits de base tels que les aliments et l'énergie. La diminution des recettes qu'entraîne une telle réduction peut être compensée en taxant les surprofits réalisés par les grandes multinationales de l'alimentation et de l'énergie. Ou en exigeant une contribution équitable de la part des plus grandes fortunes.
Beaucoup de gens ont l’impression de payer énormément d'impôts, alors que les plus riches y échappent. Par exemple, le fait que le gouvernement Vivaldi ait augmenté les accises sur nos factures d'énergie, mais refuse d'introduire une taxe des millionnaires. Ou encore, les niches fiscales dont profitent les multinationales, alors que les indépendants et les PME paient plein pot. Ecolo et le PS sont au gouvernement, mais ils ne font pas la différence. La réforme fiscale, qu’on nous promet depuis des années, n’a jamais été réalisée.
Les trois propositions pour une fiscalité équitable qui ont été soumises aux citoyens ont obtenu un score élevé. On constate une légère préférence pour une taxation équitable des multinationales. Plus que pour les autres thèmes, les participants ont cliqué sur « Autre » pour indiquer vouloir choisir les trois options proposées. Cela confirme que beaucoup considèrent la question comme importante et qu'ils sont également favorables aux solutions proposées.
La question ouverte montre également que de nombreuses personnes estiment que notre système fiscal n'est pas équitable. Après les références générales aux « impôts », la « justice fiscale » apparaît comme le thème le plus important. Une contribution équitable de la part des riches obtient également un score remarquablement élevé. Et l'appel à un impôt sur la fortune est la proposition concrète qui revient le plus souvent. Alors que la pauvreté continue d'augmenter dans notre pays, les multimillionnaires ne paient presque pas d’impôts sur leur fortune. C’est injuste.
L'importance de la question du pouvoir d'achat montre que le gouvernement Vivaldi se trompe lorsqu'il prétend l’avoir bien protégé. Les gens ressentent la hausse des prix à la caisse et dans leur portefeuille. C’est logique. Ce sont surtout les prix des produits de base qui augmentent, ce qui affecte principalement les personnes à faible et moyen revenu. En outre, nous payons également des impôts sur ces produits de première nécessité. C'est pourquoi la proposition de bloquer les prix des aliments de base et de l'énergie est si populaire.
Il est clair que les prix des aliments et de l'énergie pèsent lourdement sur la vie des gens. Les politiciens qui gagnent 6 000 euros par mois ne ressentent pas ces hausses de prix, mais pour les travailleurs, elles font une grande différence à la fin du mois. Rien n'a été fait pour le prix de l’alimentation, alors que c’est le principal moteur de l'inflation. Tandis que sept grandes entreprises alimentaires accumulent des surprofits, les citoyens ordinaires et les agriculteurs paient le prix fort1. Nous payons également plus de taxes sur l'énergie qu'avant la crise, à cause de l'augmentation des accises.
Un sujet qui est également revenu dans la question ouverte concerne les salaires (et leur augmentation). La Vivaldi interdit les augmentations de salaires, alors que de nombreuses grandes entreprises réalisent des bénéfices records. Il faut réduire les dividendes des actionnaires et augmenter les salaires des travailleurs.
Climat et logement, des priorités chez les jeunes
Chez les jeunes de moins de 30 ans, deux autres thèmes ressortent : le climat et le logement. Près d'un jeune sur quatre a indiqué le climat comme la question la plus importante. Ils ont le sentiment que si le système n'est pas remis en question, le problème ne sera pas pris suffisamment au sérieux et la situation ne fera qu'empirer, entraînant, par exemple, de grandes sécheresses et des inondations sans précédent. Le logement est également beaucoup plus important chez les jeunes. Ils s'inquiètent de savoir s'ils pourront encore acheter ou louer un bien à un prix raisonnable.
L'idée de s’attaquer plus sévèrement aux grands pollueurs, les multinationales, est largement soutenue. Le sentiment est que les travailleurs doivent à nouveau assumer les charges, y compris lorsqu'il s'agit de problèmes climatiques. Il faut des solutions constructives, sociales mais aussi équitables. Le PTB opte pour une politique climatique sociale et non pour de nouvelles taxes sur le carbone. Il faut prendre des mesures qui soient à la fois bénéfiques pour le climat et pour notre portefeuille.
Chez les jeunes, les transports publics apparaissent plus souvent comme une préoccupation majeure. La politique rétrograde du gouvernement flamand pour De Lijn suscite de plus en plus de protestations. Les ministres, qui ne prennent jamais le bus, ont supprimé 3 000 arrêts. Les jeunes veulent des transports publics de meilleure qualité, plus ponctuels et moins chers, voire gratuits. De cette manière, les gens auront une véritable alternative à la voiture.
Beaucoup de gens, surtout dans les grandes villes, voient les loyers et les prix de vente des logements monter en flèche. Il y a peu, on apprenait que les loyers n'avaient jamais augmenté aussi vite. À présent, il devient de plus en plus difficile d'acheter. Les banques augmentent les taux d'intérêt et refusent de prêter à un nombre croissant de travailleurs. Les gens appellent à une politique active du logement.
Privilèges des politiciens et travail décent
Il est clair que les politiciens qui gagnent 6 000 euros par mois perdent le contact avec la réalité. Les privilèges des politiciens ne sont pas une question majeure pour les gens, mais il y a une demande pour un renouveau qui mettra fin à cette situation. La question ouverte a donné lieu à un nombre impressionnant de réponses montrant un mécontentement à l'égard du système politique actuel. Ici non plus, le gouvernement Vivaldi n'a pas apporté grand-chose. Deux revendications ressortent de notre enquête. La première concerne la réduction du nombre de ministres et plus d'unité. La deuxième concerne la réduction de moitié des salaires des politiciens. Deux propositions qui sont taboues rue de la Loi.
De nombreux Belges aspirent manifestement à un pays qui soit à nouveau plus uni. Ils en ont assez de diviser le pays, comme le veulent le Vlaams Belang et la N-VA. Cette division est inefficace et coûte très cher. Nous avons neuf ministres de la Santé, mais nous payons nos frais médicaux au prix fort. Nous avons quatre ministres de la Mobilité, mais les transports publics tournent en rond. Combien nous coûtent tous ces ministres, ces cabinets et ces conférences interministérielles ? L'unité est également un thème qui revient très souvent dans la question ouverte.
La réduction de moitié des salaires des politiciens est une deuxième revendication populaire. Beaucoup de citoyens se rendent compte que les politiciens qui gagnent 6 000 euros nets par mois ne les représentent pas vraiment. Les salaires élevés symbolisent donc de nombreux privilèges de la classe politique, tels que les suppléments de pension illégaux, l’exonération du remboursement de frais ou les indemnités de sortie.
La deuxième catégorie la plus populaire à être ressortie de la question ouverte concerne la politique. Une fois de plus, nous avons la confirmation que « moins de ministres » est une demande particulièrement populaire. On a l'impression que les nombreux gouvernements font preuve d'une certaine prodigalité. Le fait que l'unité en tant que catégorie obtienne également d'assez bons résultats (voir ci-dessous) le confirme. Les salaires élevés des politiciens sont également souvent mentionnés, de même que l'appel général à diminuer le nombre d'hommes politiques ou à un autre gouvernement, ainsi que la demande d'une approche contre les privilèges des politiciens.
En ce qui concerne la question d’un travail décent, toutes les revendications sont proches en termes de popularité. Les gens veulent un travail à mesure humaine. Les travailleurs n’en peuvent plus de devoir travailler toujours plus dur, plus longtemps et de manière plus flexible. Conséquence : le nombre de malades de longue durée augmente et il est de plus en plus difficile de concilier travail et famille.
Prochaine étape : congrès électoral du PTB le 10 mars et le PTB en Tournée dans votre quartier
Le PTB travaillera sur la base de ces résultats. Nous analyserons et discuterons des nombreux choix et réponses, ainsi que des priorités de la société civile. Cela nous permettra d’élaborer un programme riche en propositions et en solutions concrètes aux préoccupations des citoyens. Le 10 mars, nous les présenterons lors de notre congrès électoral à Bruxelles.
Nous vous présenterons également notre programme. En mars et avril, nous partons en tournée dans tout le pays avec nos têtes de listes. Vous pourrez nous poser toutes vos questions ou donner votre avis sur nos propositions.
Quand venons-nous dans votre quartier ? 👉 https://www.ptb.be/on-tour
Méthodologie
La Grande Enquête a été lancée le 25 août 2023 et a pris fin le 12 février 2024 à 1h du matin. Une phase de test interne s'est déroulée avant le 25 août, au cours de laquelle 1 412 membres du PTB ont déjà pu répondre à l'enquête.
Au total, 104 098 enquêtes ont été complétées. Cela signifie que les participants sont allés jusqu'au bout de l'enquête et ont cliqué sur « soumettre ». Cela représente deux tiers des personnes qui ont participé à la Grande Enquête.
L'enquête était accessible au public via les sites web degrotebevraging.be et lagrandeenquete.be. Le PTB a fait de la publicité pour le site dans la presse et sur les réseaux sociaux. Les membres et les bénévoles ont ratissé le plus large possible pour faire remplir l’enquête.
Il ne s'agit donc pas d'un échantillon aléatoire ou d'un panel représentatif. Il s'agit d'un parti politique qui a testé ses propres propositions à grande échelle auprès de la population. Cela n'empêche pas de tirer des conclusions intéressantes pour le groupe qui a répondu à l'enquête. D'autant plus que les réponses à la question ouverte ont également été analysées.